Orpaillage illégal au Ghana : la plateforme ghanéenne de commerce équitable tire la sonnette d’alarme pour la filière cacao ! 

7 novembre 2025
4 min

Alors que le secteur du cacao est un pilier de l’économie au Ghana et source de revenus pour des millions de familles, le Fair Trade Ghana Network interpelle les autorités sur la menace que fait peser l’exploitation minière illégale sur la filière. La plateforme de commerce équitable appelle à une action concertée et urgente des décideurs publics, des autorités locales et des organisations de producteur·rices pour protéger les plantations de cacao et sécuriser les revenus des familles paysannes.

Un fléau généralisé aux conséquences économiques, sociales et environnementales 

Les résultats d’une récente étude menée dans les régions d’Ashanti, Obuasi et Juaboso dressent un tableau préoccupant de l’orpaillage illégal, communément appelé galamsey : 

  • Un phénomène généralisé et grandissant : 100% des producteur·rices interrogé·es affirment connaître la présence d’activités minières illégales dans leur zone, preuve de l’ampleur nationale du problème.
  • Des dégradations environnementales alarmantes : l’intrusion d’orpailleurs illégaux dans des parcelles agricoles entraîne destruction de la végétation et pollution des sols et des eaux aux produits chimiques rendant les terres stériles 
  • Des revenus en déclin : 66% des producteur·rices déclarent une perte de revenu significative, aggravant la précarité des familles rurales 
  • Des impacts sociaux croissants : une augmentation des maladies hydriques – telles que la malaria, du décrochage scolaire et des conflits locaux liés à la terre

Un frein au développement du commerce équitable 

L’exploitation minière illégale ne détruit pas seulement les terres agricoles : elle fragilise aussi les fondements et les bénéfices du commerce équitable. Ses principes fondateurs – développement communautaire, lutte contre le travail des enfants, protection des écosystèmes – sont remis en cause lorsque les producteur·rices se font expuser de leurs parcelles et perdent ainsi leurs moyens de subsistance. 

Comment garantir des modes de production durables lorsque les familles paysannes ne peuvent plus entretenir leurs exploitations ? Comment investir du temps et de l’énergie dans des projets collectifs lorsque la priorité est de sécuriser l’accès à leurs propres terres ?

Pour contrer cela, les acteurs du commerce équitable se mobilisent.

L’appel du FTGN à une action politique coordonnée 

Loin des initiatives gouvernementales et locales isolées aux impacts mitigés, le Fair Trade Ghana Network plaide pour une réponse politique forte et globale fondée sur 5 axes prioritaires : 

  1. Protéger les terres agricoles : classer les zones de culture de cacao comme des Zones Agricoles Protégées et créer des comités communautaires de surveillance foncière pour prévenir les empiètements miniers et régler les différends ; 
  2. Développer les pratiques agricoles durables : apporter un soutien technique et financier au développement de pratiques agricoles qui améliorent la fertilité des sols, la rétention d’eau (agroforesterie, production d’intrants biologiques etc.) ; 
  3. Assurer une meilleure application des politiques environnementales : garantir des ressources financières suffisantes au déploiement de patrouilles de contrôles et mettre en place une ligne gratuite et multilingue pour signaler les violations foncières ; 
  4. Promouvoir l’entrepreneuriat vert auprès des jeunes : pour leur offrir des alternatives viables à l’orpaillage illégal (apiculture, compostage, pépinière, écotourisme etc.) ; 
  5. Instaurer un dialogue multi-acteurs : mettre en place une plateforme avec les autorités nationales, les autorités locales et les organisations de producteur·rices pour assurer un dialogue transparent et une coordination des actions de sauvegarde des terres.